Le 7 juillet 1848, le curé Henri-Liboire Girouard écrit à l’évêque de Montréal que, après plusieurs années de réflexion, il est maintenant décidé à fonder un couvent pour l’éducation des jeunes de sa paroisse.
Le 7 novembre suivant, il achète en son propre nom une propriété avec maison adjacente au terrain de la fabrique; détenue par le docteur Pierre Davignon et ayant appartenue au docteur Rémi-Séraphin Bourdages, nous l’appellerons la maison Bourdages-Davignon.
En novembre 1851, Monseigneur Jean-Charles Prince rencontre la supérieure des sœurs de la Présentation de Marie à Bourg-Saint-Andéol, petite ville du diocèse de Viviers, en France. Il lui fait part de son projet de doter son diocèse de Saint-Hyacinthe d’une communauté religieuse pour l’instruction des jeunes filles et demande à cette congrégation d’envoyer quelques sœurs pour fonder des maisons dans son diocèse; sa proposition reçoit un accueil favorable.
Le 27 janvier 1853, la maison Bourdages-Davignon est achetée par Monseigneur Prince. Au cours de l’été qui suit, elle est réparée et agrandie par le nouveau curé, Édouard Crevier, afin d’y aménager un logement convenable pour les sœurs Françaises et de l’adapter aux besoins d’éducation de la jeunesse; ce curé d’une grande générosité taille et garni de ses propres mains les six paillasses destinées aux futures religieuses et, après leur arrivée, il leur fournira des provisions (lard, pois, pommes de terres, beurre, bois de chauffage), deux vaches laitières et de l’aide financière sollicitée pour elles à son propre frère. En cette même année, les paroissiens consentent à céder un coin de terre appartenant à la fabrique pour agrandir la cours de récréation.
Cette maison deviendra plus tard le premier pied-à-terre des sœurs de la Présentation de Marie à leur arrivée au pays. Le futur couvent est une solide construction en pierre des champs à deux étages, longue de 50 pieds, comprenant au premier les salles de classe, une salle de communauté, trois cellules, une cuisine et le modeste mobilier.
Cette congrégation a été fondée à Thueyts, diocèse de Viviers, par mademoiselle Anne-Marie Rivier, née à Monpezat le 19 décembre 1768 et décédée à Bourg-Saint-Andéol, le 3 février 1838 à l’âge de 69 ans. La communauté a été transférée en 1819 à Bourg-Saint-Andéol (département de l’Ardèche (07), région Rhône-Alpes, dans le sud-est de la France) où elle a établi sa Maison-mère et son noviciat.
Le 27 juin 1853, Monseigneur Prince écrit à Bourg-Saint-Andéol pour solliciter l’établissement d’une Maison-mère au Canada en précisant qu’il demande aussi à cet effet le support de leur évêque déjà rencontré à Paris.
Le 21 septembre, cinq religieuses et une sœur converse quittent Bourg-Saint-Andéol; elles s’embarquent au port du Havre le 30 du même mois pour entreprendre la traversée jusqu’en Amérique.
Le 3 octobre de la même année, les classes ouvrent dans la maison Bourdages-Davignon. En attendant l’arrivée des religieuses, les demoiselles Adélaïde et Marcelline Tétreau accueillent 101 élèves, soit 12 pensionnaires, 17 quarts de pensions et 72 externes.
Le 11 octobre, Monseigneur Prince bénit une cloche de 82 livres donnée par le grand-vicaire Crevier pour la nouvelle maison.
Le 15 octobre, les six fondatrices débarquent à New-York; le 18, elles arrivent à Saint-Jean et le lendemain, 19 octobre à 3 heures de l’après-midi, leurs pieds touchent le sol de Marieville; elles sont accueillies à bras ouverts par les demoiselles Tétreau, futures postulantes, et leurs élèves.
La communauté se compose maintenant de mère Saint-Maurice (supérieure), des sœurs Marie-de-Saint-Marc, Marie-du-Bon-Pasteur, Marie-de-Saint-Clarisse et Marie-de-Saint-Guibert, de Marie-Solanges (converse française) et de deux postulantes, Adélaïde et Marcelline Tétreau, les premières canadiennes de la communauté.
Le 20 novembre suivant, Monseigneur Prince, évêque de Saint-Hyacinthe vient bénir ses filles bien-aimées de même que l’établissement qui les accueille, spécialement la chapelle érigée dans la maison. Le lendemain, jour le la Présentation de la Sainte Vierge et fête patronale des religieuses, il célèbre la sainte messe dans la nouvelle chapelle et reçoit comme postulante l’institutrice mademoiselle Adélaïde Tétrault.
Le couvent de Sainte-Marie-de-Monnoir devient ainsi le berceau de la nouvelle communauté et sa Maison-mère.
Le 1er mai 1854, les demoiselles Adélaïde Tétrault, Marcelline Tétrault et Flavie Messier sont reçues à la première Prise d’Habit. Le couvent compte 36 pensionnaires, 23 demi-pensionnaires et 64 externes pour total de 93 élèves.
Le 30 mai 1855, marque l’incorporation légale sous le nom de « Sœurs de la Présentation ». On y remarque les noms de Marie-Saint-Maurice Borgel (Rosalie Borgel), Marie-Saint-Marc l’Etoile (Antoinette l’Étoile), Roman-du-Bon-Pasteur (Élisabeth-Joséphine Roman), Adélaïde Tétrault (sœur Marie-Sainte-Anne), Marcelline Tétrault (sœur Marie-Saint-Charles) et Flavie Messier (sœur Saint-Joseph).
Dans les deux années qui suivent, la communauté s’accroît suffisamment pour ouvrir une première mission à Saint-Hugues. Ce couvent étant plus spacieux que celui de Sainte-Marie, Monseigneur Prince permet que la Maison-mère et le noviciat y soient transférés.
Le couvent de Sainte-Marie ainsi réduit à l’état de mission devient alors un simple pensionnat.
Le 14 octobre 1855, les marguilliers et paroissiens réunis en assemblée acceptent d’acheter, de la corporation épiscopale, la maison, le terrain et les dépendances dont les sœurs avaient la jouissance depuis deux ans. Le 7 novembre, la fabrique achète la propriété pour l’usage des sœurs restées à Sainte-Marie. Le 22 janvier 1856, le grand vicaire Crevier est choisi pour administrer les biens de fabrique dont les sœurs ont conservé la jouissance après le départ de la Maison-mère.
Le 16 juin 1856, on procède à l’érection du chemin de la croix dans la chapelle du couvent.
Le 9 août 1857, les Sœurs de la Présentation deviennent propriétaires de la maison, des terrains et des dépendances qui leur sont cédés d’un commun accord entre l’évêque, le curé, les marguilliers et la communauté, moyennant la somme de50 livresqui ne fut ni exigée ni réclamée.
Le 28 janvier 1863, la supérieure, mère Saint-Maurice, vient revoir une dernière fois, avant son retour en France, la maison qui a été le berceau canadien de sa communauté. Le lendemain, une jeune orpheline protestante, Rose Fontaine, est baptisée dans la chapelle du couvent en présence du parrain et de la marraine, nuls autres que le révérend Édouard Crevier et mère Saint-Maurice.
À l’hiver 1865, d’importantes améliorations sont effectuées à la chapelle qui est agrandie, se voit ajouter un jubé et remplacer l’autel par un neuf.
La bonne renommée du pensionnat impose bientôt des installations plus spacieuses. En 1873, une annexe en bois s’élève attenante à la vieille maison; le premier étage de ce nouveau local donne une salle de pensionnat et une petite classe, le second, un dortoir pour maîtresses et élèves.
En 1880, on commence la construction d’une bâtisse en brique mesurant90 piedsde long sur45 piedsde large. On démolit alors la première maison dont les pierres sont utilisées pour les fondations du nouveau couvent. L’édifice est bénit à l’été 1881 par Monseigneur Moreau. Toutefois, les travaux non complétés rendent la vie difficile pour les résidentes jusqu’à l’installation définitive à la mi-novembre. De beaux arbres sont ensuite plantés pour ombrager le parterre.
En 1886, on construit une nouvelle partie qui comprend la salle d’étude, le petit-pensionnat et les salles de musique.
En octobre 1903, on remplace le système de pompes à eau par des robinets à tous les étages.
En août 1904, la première ampoule électrice s’allume au couvent.
En 1907, après l’incendie du collège, le couvent reçoit la statue de la Madone des Adieux, vénérée par tous les paroissiens comme une statue miraculeuse. Le 13 février 1911, on érige un chemin de croix.
En 1918, la grippe espagnole fait deux victimes en emportant sœur Eugénia et sœur Stanislas. En décembre 1919, un incendie dans l’arbre de Noël dressé dans la chapelle est rapidement maîtrisé après un émoi collectif.
Le 21 mai 1931, le curé Houle bénit l’orgue aux mille voix, don généreux de monsieur Claver Casavant, propriétaire des Usines d’Orgues de Saint-Hyacinthe et père de sœur Saint-François-de-Sales, maîtresse de musique et de chant.
Entre 1929 et 1935, on remplace le système de chauffage et construit des escaliers de sauvetage.
Le 2 avril 1945, mademoiselle Marie-Louise Langevin lègue par testament à la communauté la totalité de ses biens. On peut ainsi agrandir et restaurer la chapelle, ajouter un local pour le cours ménager et quelques chambres à l’étage des dortoirs. Le 21 novembre 1948, on célèbre le 95e anniversaire de la fondation du couvent par l’inauguration de la nouvelle chapelle.
Le 15 juin 1947, la cours de récréation est agrandie. Le 21 novembre 1948, la chapelle rénovée et agrandie est inaugurée.
En mars 1949, après une entente avec les commissaires d’écoles, on débute la construction de l’école qui portera le nom de Notre-Dame-de-Fatima; l’institution comprend 12 classes et une salle de réception communique avec le bâtiment déjà existant. Au moment du creusage de cette école, on doit déplacer la précieuse statue de la vierge du bocage; une mauvaise manœuvre met en pièces la chère relique et on voit disparaître ce précieux souvenir. Cette nouvelle école sera agrandie en 1956.
Les 3, 4 et 5 juillet 1953, d’importantes festivités ont marque le 100e anniversaire de la fondation du couvent.
En 1963, on ajoute une aile pour loger des pensionnaires ainsi qu’une cuisine et un réfectoire au rez-de-chaussée.
Ce précieux joyeux du patrimoine marievillois est malheureusement détruit par un incendie le 24 juin 2002. Cette catastrophe laisse sans logis une douzaine de religieuses qui y résidaient encore. La communauté ne rebâtit pas et le terrain est vendu en vue d’y construire une résidence pour personnes âgées.
En plus des religieuses qui y sont passées, un grand nombre de jeunes filles marievilloises et de pensionnaires provenant de l’extérieur ont vécu des moments mémorables et reçu une éducation hors pair dans cette institution; les sœurs ont su transmettre des connaissances et inculquer des valeurs à celles qui sont devenues des femmes et ont laissé leurs marques dans notre société.
Comme le disait l’historien Rodolphe Fournier « Comment ne pas garder le meilleur souvenir de ce couvent et des Sœurs qui s’y dévouaient ? ».
Sources : L’abbé Isidore Desnoyers — Notes sur l’histoire de la paroisse Sainte-Marie-de-Monnoir;
Société d’histoire de la Seigneurie de Monnoir – Les curés de Marieville; Marieville, Premier chant d’un centenaire à la Présentation-de-Marie 1853-1953; Paroisse Saint-Nom-de-Marie 1801-2001.